I’m so sick and tired of the way that I feel

Je fantasme la Californie.

Elle est seule et a le sang sec et sali par le sable. Des cheveux cradingues, un skateboard et un trop-plein de soleil. Le fameux soleil californien. Celui que tu t’imagines au mois de Novembre, prêt à réchauffer ton coeur glacé.

Les gens de là-bas ont toujours eux l’air d’être cool. Leur attaché de presse doit être sacrément doué pour ça. Comme si le simple fait de dire « je viens de San Francisco » suffisait pour te classer comme un bout de la légende des cheveux longs et sales de hippies, des longues plages, des parcs dégueulassés de part et d’autre par des gros buildings, là pour te rappeler que cet îlot fantaisiste fait bien encore partie des États-Unis, des maisons au simple étage bordés de trottoirs déglingués, d’une culture alternative persistante dans ce pays du surf rock et des tongs. Des mecs déguisés en filles et inversement. La blague du consumérisme poussée à l’absurde pour la rendre explicite. C’est comme ça que j’ai toujours vu la Californie.

Les clichés véhiculés par la télévision, le cinéma ou les livres étant devenus ma réalité à défaut d’y avoir jamais mis les pieds. Bizarrement, Hollywood et toutes ces conneries ça m’a jamais fait rêvé. Je préfère penser, d’une manière purement romantique, que le soleil a fini par cramer les cerveaux habitant dans la région. Alors ouais, j’ai sûrement trop du lire Kerouac, Steinbeck ou Bret Easton Ellis, ça serait tricher si je n’avouais pas.

On a pris cette méchante habitude de croire que trop de soleil rendait débile. Et de penser que tous les Californiens passaient leur adolescence soit dans leur garage à faire de la musique douteuse avec leurs copains en buvant leurs premières bières et fumant leurs premiers joints – ce qui a donné cette horreur musicale qu’on nomme le punk californien qui, si on a plus le cerveau d’un gamin de 12 ans, tape aussi rapidement sur les nerfs qu’eux sur leurs batteries – soit dans un skatepark à se balader torse-poil.

Et oui, c’est complètement utopique de voir la Californie comme un pays digne de Mon Petit Poney, tout d’arc-en-ciel, de filles en bikini et aux gros seins, comme Katy Perry tente de nous faire avaler, tout autant qu’un endroit qui alterne entre les prostituées, la drogue mexicaine et les flics tarés. Ah, pourquoi parler de tout ça? Parce que les mecs qui m’intéressent en ce moment, jusqu’à en friser l’obsession, sont tous des produits d’une certaine sous-culture californienne et que je ne peux m’empêcher de les rattacher à cette vision fantasmée de la West Coast. Du genre y’a de la drogue partout, des filles à poil et plein de thunes, mais pas au bon endroit, le tout en grande quantité.

Mais note qu’il existe encore des personnes qui continuent de véhiculer cette image dans ma tête. Alors qu’on reproche sans arrêt aux Américains leur vilain puritanisme, ils savent en tirer partie, et oserais-je même dire le retourner à leur avantage, surtout en Californie. Quelquefois. En montrant obstinément leur majeur au système capitaliste qui les a élevé. Comme si à cause du passé hippie et blablablabullshit, la côte ouest était devenue un repaire de gens cools, prêts à faire ce qu’ils veulent, un peu malades dans leur têtes, certainement bizarres mais foutrement attachants.

C’est pourquoi j’ai essayé de rendre compte de ces gens, qui alimentent tout autant le rêve d’évasion que le rejet de toute conformité d’un adolescent lambda de manière certainement incomplète, partiellement erronée, et parfaitement subjective.

Partie 1: La coolitude américaine incongrue de la côte ouest destroy et des California GIRLS masculines.

On pourrait se limiter à penser Christopher Owens et Chet ‘JR’ White comme des gros losers toujours totalement défoncés aux cachetons pas chers. Mais ça serait affreusement réducteur même si en partie vrai. Il s’avère que Christopher Owens a réussi à bâtir un monde délicieusement étranger, de la naïveté confondante d’un enfant. Des histoires d’amours et d’amitiés distillées à travers un regard qui ne s’embarrasse pas de clichés superflus pour dire ce qu’il a sur le coeur, sans honte de ce qu’il vit. La raison la plus commune et évidente pour appuyer cette idée serait de mettre en avant l’enfance un brin particulière de Christopher Owens, privé, au sein d’une secte un peu maboule, de tout contact avec la pop-culture. Une fascination suffisante pour cette dernière suffira à Owens pour plier bagage et à gagner son billet d’avion, aller-simple, pour l’Amérique, en jouant de la musique dans la rue (si vous voulez plus de détail sur cette période un peu bizarre je vous conseille d’aller lire ceci).

San Francisco est ce genre d’endroit où les gens n’ont rien d’autre à faire que nourrir nos propres fantasmes, et pour véritablement prouver à leur cercle d’amis qu’ils ne sont pas que des losers, et leur montrer de quoi ils sont capables, Christopher Owens et Chet ‘JR’ White – le premier compose, le second produit, en gros – sortent en 2009 un Album. D’après le propre aveux de Chistopher Owens, s’ils avaient disposé de musiciens supplémentaires et de moyens financiers plus élevés, celui-ci aurait ressemblé à un Pet Sounds des temps modernes. Toujours, donc, en filigrane cette fascination pour une musique que seule la côte ouest a été capable de produire. Sauf qu’à la place de tout ça, ils enregistrent sur du matos à moitié cassé, se font régulièrement virer de leurs salles de répet parce que jugés un peu weirdo – même pour San Francisco – par des collègues. Et forcément, ça se sent. Mais il est difficile d’imaginer quelque chose de plus séduisant que l’idée selon laquelle Girls jouerait dans ton salon.

Des histoires sur les filles, directement tirées de l’expérience personnelle de Christopher Owens, qui à travers ses paroles produisent le même effet que les paroles de Jason Pierce. Les deux hommes parlent de choses basiques, dans un format qui l’est tout autant, sans paraître pathétique mais justes et sincères. Certains trouveront certainement quelque chose à redire sur leur naïveté, mais je cherche encore en quoi ça pourrait être un frein quelconque pour apprécier ce groupe, véritable carrefour des meilleurs groupes de pop. La symbiose parfaite. Le mec semble avoir absorbé toute la pop-culture moderne, à vitesse MTV, sans jamais donner l’impression de friser l’indigestion, en repoussant les frontières du bon goût imposées arbitrairement – ouais, pourquoi n’aurait-il pas le droit d’aimer Miley Cyrus tout en idolâtrant Lawrence après tout ? Des pop songs évidentes et immédiates, prêtes à toucher tout un chacun, illustrant une sorte de vie de bohème californienne – fait qu’il partage avec des amis sur lesquels on reviendra ultérieurement – vérifiant ce cliché de la drogue pas chère, de filles et de musique pop. À travers des rideaux pastels.

Christopher Owens est un garçon à part.

À venir: Partie 2: La rencontre au sommet de parcours étroitement liés, HOLY SHIT.

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