No Winter, No Autumn

Dans ma « discothèque numérique« , juste avant Alps de Motorama, se trouve un petit trésor caché. Tellement que je l’y avais oublié depuis mai ou quelque chose du genre. Et, va savoir pourquoi, tiraillée entre l’ennui profond que m’inspire ma ville résidentielle au mois de Novembre et le manque absolu d’envie d’écouter de la musique -c’est fatiguant des fois, quand même- j’ai vu ce nom au milieu de centaines de pages FB que j’ai jadis rejointes. Si on passe sur les tendances grosse geek qui tue tout charme rattaché à la découverte de nouvelle musique, il en reste un groupe… des Philippines.

Image même de la mondialisation, d’un monde sans frontière, les Philippins de Moscow Olympics -nom tiré d’une chanson d’Orange Juice?- sont signés sur un label Suédois et produisent une musique digne de celle réalisée en Angleterre sous les appellations -j’vous le donne en mille- Shoegaze et Post-Punk dans les années 80. J’avoue toujours avoir trouvé la dénomination « dream pop » complètement farfulue, sauf que là, la musique de Moscow Olympics semblait bel et bien émerger d’un rêve qu’on aurait fait, éveillé ou pas. Tout de suite s’impose cette atmosphère propre à ce genre de disque aux références évidentes. C’est d’ailleurs en parcourant le nom de ces influences que m’est revenue l’idée de les écouter. Sauf qu’on a un peu toujours peur que les groupes qui référencent ceux qui nous sont les plus chers finissent en un pastiche burlesque et vire au mauvais gag. Le rêve étant que tout ce beau monde se retrouve joyeusement faire la fête au sein d’un seul et même groupe.

Et alors qu’on entend distinctement la moindre influence des Moscow Olympics, jamais la sauce ne tourne mal, les ingrédients se mélangent avec une facilité déconcertante sans jamais que tout cela paraisse vulgaire ou forcé. Partout dans la musique des Philippins on semble discerner des clins d’oeil à cette époque que ces 4 jeunes gens semblent avoir digérée. En témoigne cette introduction de Second Trace, étonnamment évocatrice du Disorder de Joy Division. Et d’ailleurs on ne serait pas surpris, ni dérangé, que Ian Curtis vienne pousser la chansonnette. La fille et un des garçons du groupe se partagent les voix, sans qu’on en face une affaire principale, celles-ci étant mises au même niveau que les autres instruments pour laisser émerger claviers, guitares et batterie hypnotique. Ce genre de façon de faire qui est si chère à n’importe quel amateur de shoegaze, la voix utilisée comme instrument, ni plus fort, ni plus faible qu’un autre. Néanmoins, l’amateur de post-punk comme on dit, ne se retrouve jamais perdu au milieu de ces méandres shoegaze qui pourraient le faire fuir tant le tout est dosé pour que jamais l’un des deux côtés de cette musique ne prenne le dessus sur l’autre de manière excessive. Et sur n’importe quelle chanson, on retrouve ces changements de structure qui tout en étant suffisamment brutaux pour surprendre, ne choquent pas, et passent avec une évidence surprenante sur nos oreilles.

Le groupe est ainsi responsable d’un formidable disque -qui m’accompagnera de toute évidence tout cet hiver bien que sorti, me semble-t-il en 2008- Cut The World, sorti sur Lavender Recordings, et introuvable à commande sur l’internet (mais si vous cherchez, vous trouverez hyper facilement un lien pour le télécharger, si c’est pas un comble). Il semblerait néanmoins qu’une réédition japonaise soit en route et incluerait le single Still. Ils ont également réalisé un split single avec les Morning Paper. À noter également qu’ils figurent dans le catalogue Beko, chouettos « digital singles label » comme ils se disent eux-mêmes, basé en Bretagne -on aura fait la tour du monde en un article- au numéro 12 que vous pourrez évidemment télécharger gratuitement. Vous attendez pas à passer du coq à l’âne d’un de leur enregistrement à l’autre cependant. Tout est d’une cohérence parfaite, jusqu’aux pochettes qui nous feraient soupçonner tout sauf un groupe des années 2000 (quoiqu’il paraît que c’est à la mode ce genre de chose, qu’il y a un revival autour de tout ça, mais c’est pas encore parvenu chez le jeune lambda moins de 20-25 ans donc j’en profite).

En fait il est pas si facile de savoir quelque chose de concret sur eux tant ils sont à l’image de leur musique: mystérieux. Et à nous de se rendre compte que parfois, ne presque rien savoir sur un groupe, même quand on est rongé par l’envie contraire, ne gêne aucunement pour apprécier cette musique, tellement parfaite pour nous tenir chaud tout l’hiver et nous faire rêver le reste du temps.

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